Le 26 mai est le jour anniversaire de la signature de l'Édit de Saint-jean de Luz par Louis XIV en 1660,
qui accorda aux graveurs le droit d'exercer leur art librement.
Avant propos
J'accorde volontiers la préférence au zinc, matière particulièrement docile lorsqu'il s'agit de rayer la matrice où s'inscrivent finement les méandres de ma pensée.
Traduire le langage des corps en mouvement et le fixer à jamais au coeur du métal est l'utopie poursuivie depuis bien des années par l'atelier Croqu'Vif.
Mais varier les techniques d'approche pour tenter d'y parvenir facilite la tâche, et l'instant capté sous forme de croquis et de photographies, soudain confronté aux mots de la poésie, prend son essor, puis retombe et "s'inscrit en larges nappes blanches floconeuses" sur les plaques de zinc.
Désormais, le noir et le blanc se complètent et s'épaulent dans leur discours sans fin, retraçant avec passsion les errances et les vives traversées des corps dansant.
Au centre du gravé les mouvants
à Jean-Pierre Guay Graveur
A l'obstacle des noirs sur un élan de blanc le dénuement du corporel
les orbes réfutant le foisonnement comme passion de flammes
-apurement-l'espace s'affirme blanc réceptacle de la griffure
Émouvante
la nudité développe les harmoniques du corps
épouse l'ombre du dedans enfourche les clairs de la vue
L'effet courbe attendrit le vif éclat d'une rencontre
Singulière variation avancée de la pointe sur la peau
de l'atlas laissée en abandon
L'encre étonnée ramasse l'eau de l'atlas la métamorphose
et trace le blason du lieu
Brindilles toujours en rêve de moisson
reste un couteau de lune à mesure des remous
Dans la chambre de pierre les corps habillés
d'une taille ferme se dévoilent d'un rai de lumière
Mémoire de peau du visage des corps sous le ciel
l'obscur déterre les yeux le blanc en cette nuit
dispense en chaque oeil la langue le monde la nudité de son autre
Au centre du gravé les mouvants l'effet retient la flamme
déchiffre le regard des corps en fusion
Profondeur de la pointe, nuit contre le trou
comme secret de l'oeil
Etre silence voix de son visage le temps à nu
et le soir comme nom il descend plus profond
crache une peau mère des brins pour le désir
remercient le lieu des rumeurs
Cette grandeur du désir mousse le point d'émulsion
et scelle la garantie d'une langue en fête
Vertige enfin torrent aux cris d'oiseaux
Dans le refuge, la légende de l'accouplement
sur la plaque fragmente en son travail le dit
Orbe à l'autre il absorbe Amants ils seront
géographie en la longue pression d'encre
En voisinage l'avant-pierre fragile bornage d'une partance irréfléchie
attirer celle qui pour peu offerte au regard pourrait venir s'y sourcer
Les métamorphoses devant l'orbe la fièvre du lire obstinée de la nuit
l'invitée condamne à l'éclaircie l'énigme encore mal acquise
Lent retournement de la peau écholalie d'un tréfonds
gestuelle détournée du regard au flux de l'encre
aube éclatée à l'ultime acte d'opacité
Fini et infini...
Maintenant ils seront mémoire
Il reste à dénouer les signes voir dans la fraternité des forces
le rêve d'un geste A l'aplomb le corps ploie étire la courbe
l'articulé du mot
La main s'assure de l'épure
pour convaincre la trace qui résiste ombre de parole
En cet écart de silence d'invisibles paroles
allument la coulure de matière
Coulée de cendre pour cette pensée du temps sur l'angoisse
Ombre de parole inscrite dans l'encre d'une réalité
Sur la plaque la force du crépuscule
affirme le geste du corps émulsionné gravé
L'ensemble se révèle porteur du mouvement
plus vrai
plus intense
que la danse
Gilbert Desmée juin 1994
Gilbert dirigeait la revue de poésie SAPRIPHAGE et tenait tous les ans en juin avec sa femme Maria un stand au marché de la poésie
place Saint-Sulpice à Paris.
Le texte a paru dans un recueil publié en Belgique.
Gilbert est décédé en septembre 2014
Pour accéder au site internet de l'artisan d'art : https://croqu-vif.france-artisanat.fr